ALLOCUTION
DU BATONNIER NATIONAL MATADIWAMBA KAMBA MUTU
A LA JOURNEE DU BARREAU DU 10 JUILLET 2016.
Bienvenue à
ce 48è anniversaire du barreau congolais. Nos vœux s’adressent en premier lieu
à vous qui êtes venus de très loin, de l’étranger et ensuite à vous congolais
qui avez choisi d’être à Kinshasa pour cette journée anniversaire ; Enfin
à chacune et chacun des participants aux manifestations commémoratives de l’événement.
Kinshasa
est le siège de l’Ordre National des Avocats, du barreau près la Cour Suprême
de Justice, des barreaux près les cours d’appel de Gombe et Matete. Quatre
ordres en un endroit pour un seul anniversaire. Mais alors, en cette même
journée, qui fait quoi, qui va où ?
Permettez-moi
de saluer le sens du corps, de l’unité, du dépassement des deux barreaux près
les cours d’appel kinoises, pour organiser depuis peu une seule manifestation.
Personne n’y perd quoi que ce soit, l’ordre des avocats y gagne en prestige et
en responsabilité.
Anniversaire,
l’année, l’événement fêté ne passe pas, mais tourne, au sens étymologique du
terme, annus vertere. Donc notre barreau tel que créé le 10 juillet 1968
tourne, doit tourner, changer, naturellement en s’améliorant.
Avant les enrichissants
et académiques exposés auxquels nous seront conviés, quels vœux, quels souhaits
vais-je formuler, moi que nos barreaux ont replacé en 2014, après 10 ans d’éclipse,
à la tête de notre fédération ?
A peine un
mois, le 14 juin, j’ai envoyé une circulaire à tous les avocats, dont voici les
premières lignes :
« On
ne reconnaît plus l’avocat congolais, qui désespère de plus en plus et son
client et son confrère et les autorités. Les nombreuses plaintes que les
autorités ordinales reçoivent en font preuve. Notre barreau qui croît en nombre
perd proportionnellement en crédibilité ».
Sommes-nous
devenus incapables d’organiser une élection ? Chaque barreau renouvelle
par tiers par an les membres du conseil de l’ordre et tous les 3 ans élit son
bâtonnier. Le quorum n’est pas vérifié, des fictifs voire des morts parmi les
électeurs. Les recours pleuvent et le Conseil National de l’Ordre se doit
d’annuler.
Sommes-nous
incapables d’organiser un concours de recrutement de nouveaux membres ? Ici
on organise une séance spéciale pour un candidat spécial. Là on exige une somme
dix fois plus élevée à un impétrant, uniquement en raison de la position de son
frère gouverneur de province. A croire que ce n’est plus la vérification des
connaissances prévue par la loi mais la vérification du contenu de la poche, du
porte-monnaie. Dérive que tout cela.
Ne
sommes-nous plus capables que de fabriquer des faux ? Et quels faux ?
Des jugements, s’il vous plait, des procurations, des testaments. Cette même
semaine, m’exhibant un jugement bien rédigé et cacheté, un justiciable
proteste : « Je n’ai jamais donné mandat pour cette citation directe.
Je n’ai jamais comparu à Mbuji-Mayi, à près de 800 km d’ici, comme le dit le
jugement, aux côtés des avocats que je ne connais point. Je vais prouver par
mes appels téléphoniques qu’à cette date-là je me trouvais à Kinshasa ».
Que me raconte-t-il ?, me dis-je en moi-même. Mais le jugement est là.
J’appelle de suite Monsieur le bâtonnier.
Quelle
dérive que tout cela ? Il faut y mettre fin. Les bâtonniers se doivent de
réagir avec toute l’énergie que requiert la situation. Le congolais ne
reconnait plus l’avocat, qui se détache de plus en plus d’une tradition séculaire, comme défenseur du faible,
conseiller du citoyen en désarroi, comme conseiller désintéressé.
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